Ici le corps  de pierre soupire

René Chabrière

Ici le corps  de pierre soupire,

S'abandonne sous la marche

Des géants

Ils ont taillé le plateau

A grands coups de serpe,

Mais  c'était y a longtemps.

Le Méjean dégouline  de soleil,

et filtre son or,

dans celui des chênes

et des frênes  :

- les chemins ombreux,

des voies de l'automne.

De gros nuages sont venus

S'essuyer leur front gris,

Faire se ployer les branches,

Avec la neige brune

de feuilles prenant leur envol

jouant avec les oiseaux.

L'eau a couru en ruisseaux,

Il en reste des traces :

Des flaques à la surface

des chemins, et le tapis des mousses,

se remet à vivre après le départ

de l'été.

Une chapelle naine,

Qu'on dirait  " de poche"

Se blottit au creux  d'un surplomb,

une oreille collée sous la roche,

contre les eaux souterraines,

dont on entend  la chanson .

C'est un murmure continu,

Qui rebondit jusqu'au Tarn:

Oui, le corps de pierre soupire,

De ses roches mises à nu,

Elles ont rendu les armes

Avant de rebondir.

De l'autre côté d'une vallée étroite.

Une route lentement se hausse,

à force de lacets et détours

appuyée sur les falaises droites,

où le royaume du causse

se défend de toutes ses tours .

Les géants se sont endormis,

épuisés par leur longue marche,

le siège d'une guerre,

Dont il n'est permis

que de voir les arches

du pays de Sauveterre...

 

René Chabrière, né en 1956 à Lyon, vit actuellement en Occitanie, en Lozère. Artiste polyvalent, il a pratiqué et enseigné les Arts Plastiques, s'intéressant à toutes les formes d'art et d'expression visuelle : peinture, photographie, image numérique, architecture. Depuis une dizaine d'années, il écrit presque quotidiennement, cherchant à établir des ponts entre image et texte.

Il est l'auteur de plusieurs blogs, tous empreints de poésie et de réflexion visuelle :

À travers ces projets, René Chabrière explore et fusionne le langage visuel et littéraire, invitant le lecteur et le spectateur à une expérience sensuelle et contemplative de l’art.

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