FIN(Fin des Juliau)
Pour situer
Lorsque Nicolas Pesquès a publié, le 21 février 2024, La face nord de Juliau — dix‑neuf, il a annoncé que ce volume clôturait le “journal de sa colline”, patient work in progress commencé en 1980. Quarante‑cinq ans d’observation de la même butte ardéchoise : une épopée intime qui a profondément marqué la poésie contemporaine. Alain Chanéac, animateur de la revue faire part depuis 1978, a reçu cette annonce comme une secousse amicale : comment accepter, après « quarante‑sept ans à co-animer la revue », qu’un tel fil se rompe ? Il répond par ce poème‑carnet : FIN (Fin des Juliau), daté du 26 décembre 2024 au 3 mars 2025 et dédié « Pour Nicolas Pesquès ». Comme un relais tendu entre deux écritures, deux fidélités à ce même massif, fréquenté ici par le biais des volumes successifs.
Le texte s’ouvre et se referme sur des citations du tome XIX de Pesquès — épigraphes qui disent déjà la tension entre mémoire, langue et paysage : l’inoubliable d’un côté, l’image qui “s’en va dans les yeux” de l’autre FIN+de+Juliau.
Démarche d’écriture
Chanéac reprend le motif‑totem du jaune des genêts et les procédés de Pesquès :
inventaire spiralé (la litanie des « dix‑neuf »),
datations quasi journalières,
chiasme constant entre voir et dire, photo et phrase, silence et excès de mots.
Mais là où Pesquès annonçait la fin, Chanéac interroge : « Pourquoi une fin nécessaire ? » et multiplie les raisons de continuer. Son “FIN” est double — fin d’un cycle, mais aussi reprise d’élan.
Nous publions ci‑dessous, avec l’aimable autorisation de l’auteur, le texte intégral de FIN (Fin des Juliau). Les sauts de ligne, italiques et alinéas suivent le fichier original transmis.
Le poème pourra ainsi rejoindre, dans ces Cahiers, le vaste chantier d’écriture qui explore depuis des années les reliefs du Tanargue et de ses environs.
FIN
(Fin des Juliau)
Pour Nicolas Pesquès
Alain Chanéac
« L’inoubliable, ou l’enterré vivant en nous. Le vécu le
plus intense étant aussi le perdu le plus profond ; la
mémoire, un horizon pour se mettre en route, et le présent
ce que l’on souhaite vivre mais qui s’efface à mesure. »
NP - La face nord de Juliau dix-neuf
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