Quelque chose de perdu
Marc Donikian
J’essaie de pousser la photographie le plus loin possible. Je travaille en argentique, sans retouche ni recadrage. Le processus est lent.
Il y a un petit travail de la main : mes doigts sont posés sur l’optique de l’appareil photo pour ne laisser passer qu’un rai de lumière.Dans le viseur je vois la lumière se transformer : paysages, arbres, fleuves, mers, roches, animaux, humains se tordent, se dédoublent, se métamorphosent, se mélangent.
Les prises de vues sont de longs moments de concentration, peut-être même de méditation, pour sortir un peu de moi-même, être dépassé, ne rien voir, ressentir, respirer, s’oublier, ralentir.La réalité danse dans le viseur.
Le flou fait ressembler mes photographies à des rêves, des souvenirs enfouis, des sensations, des émotions.L’imagination du spectateur est convoquée, ressentir plutôt que voir.
Il croit voir quelque chose, puis disparaître, se recréer.
Je ne veux rien imposer, ne rien pointer pour que l’on redécouvre à chaque instant mes photographies. Je fais confiance à l’inconscient, à l’inexplicable, à l’inexploré.
Francis Bacon disait qu’il fallait transformer la réalité pour la retrouver. Je cherche ces liens invisibles entre toutes choses sur terre, retrouver la beauté, retrouver la grâce, ce quelque chose de perdu, cette lumière.
Marc Donikian est un photographe autodidacte. Il vit et travaille à Vienne (isère).Se forme lors d’un poste de photographe municipal. Inspirée du principe du sténopé, sa technique fait apparaître des mondes oniriques
Il travaille en argentique avec un appareil entièrement mécanique.Ces photographies ne sont jamais retouchées et très rarement recadrées, c'est à la prise de vue que tout ce décide.
Il a exposé au Mexique, en Suisse, en Pologne, et régulièrement à Lyon et Paris.